Dans notre nouvel épisode du podcast "Manger, c'est changer le monde", nous parlons Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) avec deux consultantes Soliance Alimentaire : Marielle Martinez, spécialiste des systèmes alimentaires durables, et Perrine Ruamps, Responsable du pôle Institutions et Collectivités.
En bref, les PAT sont des projets qui visent à aborder la question de l'alimentation de manière globale en prenant en compte différents éléments. Ils s’intéressent ainsi aux modes de production, aux circuits de distribution, à la restauration collective, au tourisme, au gaspillage alimentaire, et plus encore. Ceux-ci sont généralement portés par une collectivité et impliquent une large concertation entre toutes les parties prenantes : agriculteurs, chefs d'entreprise, citoyens, associations, ainsi que différents acteurs publics et privés.
Nos deux interlocutrices considèrent que les PAT ont le potentiel pour déclencher une prise en main des sujets agricoles et alimentaires. Ils apparaissent comme de véritables vecteurs d’émergence de dynamiques collectives. Cependant, ils doivent encore prouver qu'ils peuvent aboutir à des actions concrètes et à des projets qui auront un impact réel sur la transition vers des systèmes alimentaires plus durables. Pour en savoir plus à ce sujet, écoutez notre podcast !
Un Projet Alimentaire Territorial (PAT) repose sur une approche globale des questions en rapport à l’alimentation : modes de production, circuits de distribution, restauration collective, accessibilité alimentaire, foncier agricole, tourisme, gaspillage alimentaire... Le but du PAT est d’aborder l’ensemble de ces sujets de manière systémique.
Pour réussir, un tel projet doit être porté par la collectivité en concertation avec l’ensemble des acteurs des systèmes alimentaires du territoire, à savoir :
En bref, ce sont tous les acteurs publics et privés concernés par la question alimentaire qui sont impliqués dans la réalisation du PAT. Pour assurer la réussite du projet, la parole est donnée à l’ensemble des parties prenantes de la collectivité/métropole ou territoire. Il leur est demandé de définir leur perception du territoire, d’exprimer leurs attentes, et d’identifier les moyens et leviers d’actions qu’ils imaginent pouvoir mettre en place à leur niveau. Une fois ce temps de diagnostic réalisé et les enjeux du PAT clairement identifiés, nous passons à un temps de co-construction destiné à mettre en place des solutions au service du territoire. Il s’agit d’outils et décisions construits sur-mesure au profit de l’intérêt général, dans le respect des parties prenantes. Le réel défi ? Que chacune d’entre elles se sente intégrée et reconnue au sein du PAT.
D’après Marielle Martinez, les PAT sont en mesures de déclencher une véritable prise en main des sujets agricoles et alimentaires. Ils sont également à même de faire émerger une dynamique collective grâce à la force d’animation territoriale dont ils disposent. L’enjeu selon elle ? Être capable de démontrer qu’ils peuvent aboutir concrètement à la mise en œuvre d’actions et projets qui participent à la transition des systèmes alimentaires.
« À chaque étape, il faut avoir ce souci du pragmatisme : faire un diagnostic complet et pertinent ; mais sans chercher l’exhaustivité pour éviter les contre-temps et surcoûts. En effet, le diagnostic n’est pas une fin en soi. Il s’agit seulement du point de départ. Le succès du PAT va se jouer plus tard, dans le passage à l'action. Il y a un certain nombre de défis qui se posent chemin faisant, notamment la question de la temporalité. La temporalité de l'action publique n’est pas la même que celle des acteurs économiques.
Il faut donc trouver le moyen de les faire coïncider. Pour faire réussir un PAT, chacun de ces acteurs doit être impliqué et mettre sa capacité d'action au service du collectif.».
Marielle Martinez
Pour résumer, les démarches qui constituent un PAT sont nécessaires mais nécessitent un temps dit « long » avant de fournir des résultats concrets. Aujourd’hui, il est donc trop tôt pour apprécier à 100% leur impact. Dans la poursuite d’un PAT, la pérennisation du projet et la mobilisation de moyens adaptés sur le long terme sont des facteurs de réussite cruciaux. Il faut impérativement que des moyens humains lui soient dédiés pour que la dynamique collective soit entretenue dans la durée.
En réponse à l’ensemble de ces contraintes, l’appréhension la plus commune des porteurs de PAT concerne leur implication financière. En effet, des moyens financiers substantiels doivent être mis à disposition du PAT pour permettre la concrétisation des plans d’actions élaborés. Ce soutien est indispensable pour pouvoir apprécier l’intérêt de cette démarche et voir l’ensemble des actions se concrétiser.
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D’après Perrine Ruamps, Responsable du pôle Institutions et Collectivités, l’émergence d’un dialogue entre les différents acteurs du PAT permet d’identifier les enjeux alimentaires de leur territoire et de mettre en œuvre des actions concrètes à différentes échelles.
« Un PAT peut aider un maire à se rendre compte de l’enjeu environnemental, social et économique de la dernière exploitation laitière de sa commune. A partir de là, il peut se retrouver à défendre sa fermeture en conscience de l’importance qu’elle représente pour l’ensemble du territoire. ».
Perrine Ruamps
Un PAT peut également être à l’origine d’actions de plus grande envergure – Perrine Ruamps explique qu’ils peuvent notamment faire émerger des initiatives de structuration des filières. Pourquoi ? En favorisant le dialogue, un PAT peut permettre à ses parties prenantes de faire émerger des questions alimentaires systémiques. Sans rencontres et partages, les acteurs concernés n’ont parfois pas conscience qu’un changement est possible.
« Nous avons accompagné un PAT dans l’est de la France qui s’intéresse aujourd’hui à la structuration de la filière viande du territoire. Il met en relation les acteurs de la restauration collective, de la filière d’élevage, les coopératives et les transformateurs. Le projet vise à créer de la valeur au sein de la filière et à répondre à de multiples enjeux alimentaires. En travaillant avec la restauration collective, nous mettons au service des habitants les ressources du territoire. Ce type d’acteur est typiquement un mode de distribution à vocation sociale, et donc un levier stratégique dans le cadre d’un PAT. », Perrine Ruamps.
Un PAT peut ainsi contribuer à différents objectifs en lien avec l’alimentation au sein d’un territoire, de la lutte contre l’insécurité alimentaire à la mise en place de partenariats locaux pour combattre le risque de pénuries alimentaires en France.
Evaluer un PAT nécessite la recherche d’indices de réalisation. Ceux-ci permettent de montrer à quoi aboutissent ce type de projets territoriaux. Comme expliqué plus tôt, le dispositif PAT est encore assez jeune. A ce stade, l’un des indices de réalisation principal a pour but d’évaluer le niveau d'appropriation des enjeux alimentaires et agricoles des différents acteurs du projet. A-t-il permis de rassembler les acteurs clés pour traiter de telle ou telle thématique ? Participe-t-il à la mise en place ou à l’initiation d’actions ?
Aujourd’hui, la difficulté est donc d’aller chercher l’impact de ces actions, sachant qu’elles ne sont encore qu’à leur démarrage. L’autre contrainte, et c’est là que Soliance Alimentaire a un rôle à jouer, est que les PAT ne bénéficient pas toujours de démarches de suivi et d’évaluation. Ils ont ainsi beaucoup de difficultés à valoriser ce qu’ils ont réalisé et à communiquer à propos de leur réussite, importance et nécessité de leur poursuite pour le territoire.
Aujourd’hui, les porteurs de PAT ont besoin d’être accompagnés et outillés pour :
Notre cabinet de conseil et de recherche expert en agri-agroalimentaire propose un accompagnement opérationnel destiné à la mise en œuvre d’un PAT. Notre double expertise, à la fois du secteur privé et du secteur privé, est un atout qui facilite l’instauration d’un dialogue autour de projets communs entre acteurs de natures différentes.
D’après Perrine Ruamps, Responsable du pôle Institutions et Collectivités et chargée de mission projet alimentaire territorial, « le cabinet peut tout à fait accompagner une collectivité dont le Marché d’Intérêt National (MIN) est en régie, à mettre en place une box de producteur et à travailler avec des acteurs économiques qui souhaitent s’y installer ».
Pour l’équipe Soliance Alimentaire, le cabinet à un vrai rôle à jouer pour encourager les territoires à s’emparer pleinement de l’outil PAT. Les consultants sont là pour les accompagner dans le respect de leurs spécificités, potentiel, dynamiques locales et moyens disponibles. Le sujet de la transition alimentaire est au cœur de la raison d’agir du cabinet – il est donc essentiel pour l’équipe d’être proactive dans cet accompagnement majeur, en faveur de la transition vers des systèmes alimentaires plus raisonnés.
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