Aujourd'hui, nous plongeons au cœur d'un sujet vital qui touche tous les systèmes alimentaires : les relations entre la production agricole et la distribution. Du champ à l’assiette, un réseau complexe d'acteurs interagit pour nous fournir les denrées alimentaires que nous consommons quotidiennement.
Dans cet article, nous analyserons l'évolution des relations entre producteurs et distributeurs, en explorant les défis conjoncturels et structurels actuels, et en mettant en lumière le rôle de Soliance Alimentaire dans la facilitation de ces collaborations.
Comment les denrées que nous consommons parviennent-elles à notre table ? Qui sont les acteurs clés impliqués dans ce parcours ? Aimée Fonteneau, consultante chez Soliance Alimentaire, nous éclaire sur le cheminement de nos aliments, depuis la ferme jusqu'à notre assiette :
"Tous les systèmes alimentaires sont caractérisés par deux étapes distinctes : la production et la distribution. Néanmoins, la réalité est bien plus nuancée, avec des systèmes plus complexes, comme une étape de transformation des produits, comme c'est le cas pour la production de fromage, et, à l'inverse, des modèles plus simples où un producteur distribue directement ses produits.”
En France, les grandes et moyennes surfaces (GMS) exercent une influence prédominante sur la distribution alimentaire, soulignant une spécificité nationale. Prenons pour exemple les fruits et légumes : nous pouvons penser, à tort, qu'une grande partie de ces denrées est vendue en directe ou sur les marchés. En réalité, ces canaux ne représentent que respectivement 4 % et 9 % des ventes de ces produits, tandis que les GMS captent 67 % du marché. Quant aux distributeurs spécialisés tels que les primeurs, ils contribuent à hauteur de 14% des ventes totales.
Historiquement, les relations entre producteurs et distributeurs ont été complexes, marquées par des difficultés à collaborer sur des thématiques telles que la fixation des prix et le gaspillage alimentaire. Cependant, il existe une vraie relation d’interdépendance entre la production et la distribution, avec des échanges qui doivent changer et qui sont en train de changer. Les enjeux conjoncturels et structurels sont de plus en plus importants et doivent être une source de collaboration cruciale entre l’aval et l’amont.
Le contexte actuel est marqué par une succession de crises notamment la pandémie du COVID 19, les défis environnementaux liés au climat ainsi que les tensions géopolitiques. Ces crises contribuent directement à l'inflation que nous observons actuellement.
La production, quant à elle, fait face à des difficultés structurelles : diminution du nombre de producteurs, difficultés de transmission des exploitations, manque de main d'œuvre et contraintes réglementaires, compliquent le secteur. La crise climatique ajoute également des défis comme celle de la gestion de l'eau ou des accidents climatiques extrêmes.
Du côté de la distribution, les ruptures d'approvisionnement sont de plus en plus conséquentes, la pénurie de moutarde, durant l’été 2022, a marqué les esprits.
En parallèle, le marché alimentaire est de plus en plus structuré par des situations oligopolistiques. Un exemple concret est observable dans le secteur laitier avec la présence dominante de Danone, Sodial et Lactalis.
Enfin, la nécessité de répondre aux demandes des consommateurs accentue la complexité de la gestion côté distribution.
La chaîne d'approvisionnement est donc tiraillée avec d'un côté une production qui cherche à assurer la pérennité de son métier, et de l'autre une distribution qui souhaite garantir la stabilité de ses approvisionnements.
Face à ces défis, la collaboration entre production et distribution devient cruciale. Il y a un enjeu essentiel à faire preuve de créativité pour créer des relations durables entre l'amont et l'aval et Leslie Goussot, spécialiste des filières et des entreprises chez Soliance Alimentaire, nous éclaire sur ces différentes collaborations possibles.
Pour approfondir le sujet, Aimée vous invite à écouter l’épisode n°3, les pénuries alimentaires en France et dans le monde : ce qu’il faut savoir
Il existe plusieurs manières et plusieurs niveaux de collaboration entre l’aval et l’amont.
Dans un premier temps, les acteurs de l'amont (agriculteurs, coopératives agricoles) et de l'aval (industriels et distributeurs) peuvent collaborer sur des projets d'innovation comme le développement de nouvelles cultures, de nouveaux usages, ou de nouvelles manières de consommer.
Une autre étape peut être celle de la mise en place d'un cahier des charges, auquel les agriculteurs adhèrent, ce qui permet d'encadrer les relations. Cela peut se traduire par un travail approfondi avec des associations, par la signature de contrats incluant des modalités de fixation des prix. Ce type de collaboration peut aussi aboutir à un accompagnement technique afin de faire évoluer les pratiques de productions.
Soliance Alimentaire joue un rôle capital en apportant son expertise pour faciliter les relations entre l'amont et l'aval. Bien qu'il n'existe pas de formule préétablie, le temps est un facteur clé dans la mise en place et la consolidation des relations. Les acteurs doivent apprendre à se connaître progressivement, avancer par étable, et créer des projets qui génèrent de la valeur.
Leslie illustre cette situation à travers un exemple précis, celui d’un industriel de cornichons qui souhaitait relocaliser une partie de son approvisionnement sur le territoire français. Il y a 25 ans, cette filière avait en effet disparu du paysage agricole français. Soliance Alimentaire a joué un rôle clé pour identifier les producteurs et accompagner la création d'une organisation de producteurs de cornichons.
Soliance Alimentaire a ainsi contribué à structurer la filière pour les producteurs, et à répondre aux enjeux industriels.
D'autre part, Soliance Alimentaire intervient aussi dans l’organisation de filières en collaborant avec les interprofessions. Nous vous invitons à écoute le podcast n°9 sur ce sujet :
En conclusion, les relations entre la production et l’aval des systèmes alimentaires évoluent vers une collaboration plus étroite, marquée par la prise de conscience de l'interdépendance. Face à des défis de plus en plus complexes, la création de relations durables devient un enjeu essentiel. Le secteur doit innover dans la collaboration entre les acteurs afin d'adresser correctement cette problématique.
Nos offres : Expertises agri-agro alimentaires privées
Vous avez aimé ce contenu ? Rendez-vous le mois prochain pour un nouvel épisode de Manger, c’est changer le monde. En attendant, n’hésitez pas à partager cet épisode autour de vous !
Pour patienter, écoutez nos épisodes de Manger c’est changer le monde :