Manger c’est changer le monde, la série de podcasts qui décode les systèmes alimentaires – Épisode 11
Les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT), dispositifs de politique publique, sont au cœur des initiatives de reterritorialisation de notre alimentation par la coopération entre toutes les parties prenantes du système alimentaire. Dans un récent épisode, nous avons abordé l’importance des dynamiques générées par ces projets pour la transition alimentaire, soulignant néanmoins la jeunesse du dispositif et la difficulté à mesurer ses impacts.
Cependant, l’évaluation des PAT suscite un intérêt croissant parmi les collectivités. Dans ce nouveau podcast, Lisa Gerbal, consultante chez Soliance Alimentaire, nous partage son point de vue sur la nécessité d’évaluer ces projets et explique comment cette évaluation peut être mise en place.
La nécessité d’évaluer les PAT
En 2024, le dispositif politique publique PAT célèbrera ses dix ans d’existence et marquera une première phase de bilan. Des questions surgissent comme :
- Quels sont les premiers résultats obtenus ?
- Quels sont les impacts sur les systèmes alimentaires ?
- Quelles sont les contributions apportées à la transition agricole et alimentaire ?
Toutes ces interrogations doivent se poser à différentes échelles. En premier lieu, au niveau de l’Etat, car le PAT constitue une extension locale de la politique nationale, telle que définie dans le Plan National de l’Alimentation (PNA). Ce dernier établit divers objectifs, notamment en matière de justice sociale, de lutte contre le gaspillage alimentaire et d’éducation alimentaire.
En deuxième lieu, au niveau des institutions qui financent les PAT, telles que l’ADEME, afin d’évaluer les résultats de leur soutien financier et de leurs accompagnements.
En troisième lieu, au niveau des collectivités territoriales, car le PAT constitue le support de leur politique alimentaire locale. L’évaluation est l’opportunité aux porteurs des PAT de faire le bilan de la réalisation de leurs objectifs, des résultats souhaités et de l’orientation de leur politique donnée afin de vérifier que celle-ci soit en cohérence avec les enjeux initialement identifiés.
« Et pour terminer, l’évaluation va permettre de réduire les critiques formées autour de ce dispositif. Certains détracteurs le perçoivent comme une coquille vide. En effet, les PAT émergent de dynamiques inspirantes mais insuffisamment valorisées ».
Vous souhaitez en savoir plus sur les projets alimentaires territoriaux (PAT) ? Découvrez notre article sur ce sujet ici : Le Projet Alimentaire Territorial (PAT) : du constat au passage à l’action
Les défis de l’évaluation des PAT : comment évaluer un projet alimentaire ?
L’évaluation d’une politique publique (ou d’une intervention au sens général) consiste à apprécier et à analyser ses résultats en les confrontant aux objectifs initialement fixés ainsi qu’aux moyens déployés pour les accomplir.
De façon générale, l’évaluation de cette action repose sur 4 grands critères :
- Son efficacité : les objectifs ont-ils été atteints ?
- Son efficience : les résultats ont-ils été à la hauteur des moyens engagés ?
- Sa cohérence interne et externe : les différents axes de la politique vont-ils dans le même sens ?
- Sa pertinence : le projet est-il adapté au contexte et aux enjeux initiaux ?
La difficulté d’évaluer un PAT réside dans son caractère souple et dépourvu d’objectifs précis, sa valeur prescriptive étant nulle. Contrairement à d’autres dispositifs de politique publique, tels que les PCAET et les SCOT, les PAT manquent de méthodologies structurées. Leur approche transversale et participative, le manque d’encadrement au niveau de la loi, la complexité du sujet de l’alimentation, rendent difficile leur évaluation.
Malgré cette complexité, des méthodes spécifiques ont émergé :
- L’outil Syalinnov, développé par les bureaux d’études AOConsulting et Defis.
- L’auto-évaluation environnementale, développée par Céréales CGDD.
- L’approche orientée changement, adapté au PAT par l’agence normande de la biodiversité.
Cependant, leur mise en pratique exigeante et chronophage conduit souvent à des adaptations locales qui restent très intéressantes.
Nous pouvons citer, en exemple, Redon Agglomération en Bretagne, qui utilise une méthode classique d’évaluation de politique publique adaptée au périmètre d’intervention du PAT.
Le Havre Métropole a, quant à lui, utilisé conjointement l’autoévaluation environnementale du CEREMA et un tableau de bord de la résilience alimentaire développé par l’association Les Greniers d’Abondance.
Soliance Alimentaire travaille actuellement sur le recensement et l’analyse des méthodes d’évaluation et leur appropriation par les territoires. Des missions commanditées par l’ADEME, au niveau national et l’ADEME Pays de La Loire, et mené en partenariat avec un bureau d’études, Quadrant Conseil.
Le besoin d’outillage dans l’évaluation et le suivi des projets, notamment dans l’identification des responsabilités, des étapes et des moyens, est un enjeu que Soliance Alimentaire a su identifier rapidement dans ses différents accompagnements des PAT.
L’accompagnement des PAT par Soliance Alimentaire
La méthodologie proposée par Soliance Alimentaire vise à fournir des outils de suivi de projet efficaces aux porteurs de PAT en les accompagnant dès la construction du programme pour préparer la phase d’évaluation.
Plus concrètement, la méthodologie proposée fournit des outils tant au niveau opérationnel, comme des tableaux de bord pour les actions, que stratégique, en évaluant la pertinence des actions dans le contexte global du PAT.
L’Importance du suivi et de l’évaluation pour les PAT
Au-delà de la simple obligation de rendre compte de l’utilisation des fonds publics, le suivi et l’évaluation des PAT sont essentiels pour plusieurs raisons :
- Entreprendre une démarche d’amélioration continue.
- Mobiliser à nouveau les acteurs autour du PAT.
- Guider les décisions politiques.
- Valoriser les actions concrètes.
- Faciliter la communication sur le projet.
Soliance Alimentaire met en avant l’importance d’une approche pédagogique adaptée pour le suivi et l’évaluation des Plans Alimentaires Territoriaux (PAT). Convaincue de la nécessité de simplifier ce processus complexe, les consultants Soliance Alimentaire recherchent des formats accessibles, privilégiant la qualité à la quantité. Cette approche orientera les méthodologies d’accompagnement des territoires, avec un engagement continu envers des pratiques d’évaluation et d’accompagnement améliorées.
Pour conclure, l’évaluation des Projets Alimentaires Territoriaux se positionne comme un élément clé pour mesurer leur impact, guider leur évolution, et assurer leur pérennité dans la transition alimentaire.
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